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Que dire à une victime lorsque l'on n'est pas professionnel ?


que dire à une victime de viol

Ce soir, vous avez rendez-vous avec une amie. Au détour d’une conversation, celle-ci vous confie avoir été victime de viol. Dans votre esprit, c’est la panique : que faire ? que dire ?


Lorsqu’une personne de votre entourage est victime d’une agression ou de harcèlement sexistes et sexuels, certains réflexes simples et actions concrètes peuvent faire la différence. Découvrez comment réagir au mieux pour rassurer votre proche.


  • Ne cherchez pas à créer un contact visuel à tout prix.

Une telle confidence peut gêner la victime, qui en a honte et se sent coupable. Bien souvent, elle baissera la tête et évitera votre regard. Cette réaction est normale, alors ne cherchez pas à créer un contact visuel. Au contraire, choisir un éclairage tamisé, une situation côté à côté plutôt que face à face, rendra sa confidence plus facile.


  • Evitez de prendre un air horrifié, prenez sur vous, restez calme.

La personne qui vous parle a déjà souvent du mal à gérer sa propre émotion, ne l’obligez pas à gérer la vôtre. Respirez, écoutez, adaptez-vous à son style. La personne qui vous parle peut adopter plusieurs systèmes de défense pour gérer son stress. Globalement, adoptez la même posture. Quelques exemples :


- La victime qui vous raconte ça d’un ton badin, de manière clinique et détachée, le fait pour ne pas être submergée. Laissez-la faire comme elle veut et ne jugez pas son « manque d’émotion ». Restez emphatique mais suivez sa stratégie.

- Si au contraire elle déborde d’émotion, pleure ou angoisse, ayez un comportement contenant (écoute active, paroles rassurantes, expression d’empathie chaleureuse, etc.), mais toujours en tentant de maitriser vos affects.

- Le plus compliqué est la victime qui vous dit une phrase puis se referme immédiatement et reste silencieuse (ou change totalement de sujet). Rassurez-là au maximum, ne laissez pas de silence gênant. Créez un environnement calme et rassurant, offrez-lui quelque chose à boire, montrer lui que vous avez le temps de l’écouter. Si le moment est mal choisi et que la personne souhaite réellement changer de sujet, n’insistez pas. Montrez-lui que vous l’avez entendue et proposez-lui d’en reparler quand elle le voudra, car c’est important et que vous souhaitez vraiment l’écouter.


  • Le silence est souvent mal vécu par les victimes, pour des raisons évidentes.

Il est possible que la victime minimise les faits. Il est important de mettre des mots sur ce qu’elle a vécu. Si elle reste mutique, posez des questions ouvertes, sans jamais forcer. Axez d’abord sur ce qui la met le plus à l’aise (contexte, périphérie, ressenti actuel…), tout en douceur. Contextualiser rend plus facile la restitution des faits et la parole (ça marche pour tout, tout s’inscrit dans une histoire, c’est parfois plus simple de commencer par le début). Une confidence, c’est comme un artichaut, c’est feuille après feuille qu’on arrive au cœur.

  • Ecouter c’est bien, mais les mots que vous allez dire sont également importants.

Quelques phrases qui font du bien (à adapter évidemment) :


- Ecoute et soutien : « Je t’écoute », « Si tu as besoin de moi, tu peux compter sur moi », « Je t’aime », etc. Si la victime s’effondre en larmes, rassurez-là en lui disant que ce n’est pas grave, que vous comprenez ses sentiments.

- Déculpabilisation, revalorisation : « Ce n’est en aucun cas ta faute, c’est la sienne », « Je suis fière d’être ton ami.e », « Tu es une belle personne » … Rassurez-la, montrez-lui que vous êtes reconnaissant de sa confiance.

- Explication (pour ceux qui connaissent le sujet) : fonctionnement du trauma, de la dissociation, procédures d’évitement, etc.

- Proposer de l’aide : psy / plainte / asso… mais aussi un week-end entre ami ou en famille, faire des activités qu’elle aime….


  • Par ailleurs, il est préférable d’éviter :

- Les injonctions : Remplacez « tu devrais / il faut porter plainte » par « tu peux porter plainte, et moi je peux t’accompagner ».

- Dire à la victime d'aller voir la police car « s'il récidive ce sera de sa faute » ou « pense aux autres victimes ».

- En parler à d'autres personnes sans son autorisation. La victime se sentira trahie, c’est à elle de décider à qui elle souhaite en parler.

- Remettre en cause son récit, atténuer la responsabilité de l’agresseur, demander des preuves, ou dire "c'est pas si grave", "ce sont des jeux d'enfants", "il t'a pas violé c'est bon !".


Il est important que la victime se sente crue et soutenue.

  • Soutenez la victime, respectez sa volonté et ne prenez pas de décision à sa place.

Demandez-lui si elle va bien, s’il y a quelque chose que vous pouvez faire pour elle. L’indifférence des proches peut être vécue comme une deuxième agression par les victimes. Vous pouvez exprimer votre solidarité en lui disant notamment :

- « La loi interdit et punit ces actes et propos »

- « L’agresseur est le seul responsable »

- « Tu n’y es pour rien »

- « Je peux t’accompagner vers les forces de l’ordre, la sécurité… »

- « Je peux t’aider à trouver de l’aide »

- « Tu peux être aidée »


Dernière chose importante, si vous ne vous sentez pas capable de l’écouter (parce que trop douloureux pour vous, ou que ça raisonne avec votre propre histoire), dites-le et essayez de la diriger vers quelqu’un qui pourra l’écouter et l’aider. Mais ne fuyez pas la conversation sans explication, la victime ne s’en sentira que plus mal.


Recevoir les confidences d’une personne victime d’agression d’ordre n’est pas anodin. Vous pouvez ressentir divers sentiments : peur, culpabilité, malaise… Ces sentiments sont normaux. Sur le moment, la violence peut sidérer le confident autant que la victime et celui-ci peut éprouver des difficultés après les faits. N’hésitez pas à demander de l’aide, notamment auprès d’associations d’aide aux victimes ou au 3919.


Si vous souhaitez approfondir le sujet et comprendre les réactions et changements de comportement d'une victime de violences sexuelles, n'hésitez pas à consulter ces articles :


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